Ça ne s'invente pas. La toute première école de sirènes au Québec ouvre ses portes sous peu, ici même à Montréal.

Peut-être avez-vous vu passer la nouvelle sur les réseaux sociaux. Eh bien non, ça n'est pas une blague. Des cours de nage de sirène devraient bel et bien être offerts d'ici février, dans une piscine près de chez vous.

L'idée est née il y a quelques semaines à peine. Marielle Chartier Hénault, jeune mannequin de 24 ans, par ailleurs fraîchement diplômée des HEC, participe à une séance de photos sous-marine avec une queue de sirène. Et elle a un déclic. «J'ai toujours aimé l'eau. Je suis comme un petit poisson, raconte-t-elle. J'ai toujours su que je voulais être entrepreneur et je me cherchais une idée de business. [...] Je me suis dit: je vais partir mon sport!»

C'était en novembre. Peu avant les Fêtes, elle décide, avec son copain qui travaille en marketing, de tâter le terrain sur les réseaux sociaux et lance une petite campagne de pub pour son concept d'«aquasirène», lequel fait déjà un tabac en Allemagne, aux Philippines et en Floride (il existe même, tenez-vous bien, une association internationale des instructeurs d'aquasirène, ou mermaiding en anglais). «En fait, c'est une monopalme, précise-t-elle. Mais je la truque, en ajoutant du tissu.»

Il faut dire que la monopalme est un sport de niche, pratiqué quasi exclusivement par les adeptes de plongée. Résultat? À la suite de sa campagne publicitaire, 2000 personnes lui ont écrit. En trois jours à peine, 600 personnes ont en prime «aimé» sa page Facebook.

Pourquoi un tel enthousiasme? «Je pense qu'il y a quelque chose qui relève du domaine du rêve des petites filles de devenir une sirène. Et ce qui est intéressant, c'est qu'en plus, c'est un sport. Tu t'entraînes, tu travailles la respiration, les abdos, c'est vraiment du sport!»

En fait, la réponse dépasse presque ses attentes. Lors de notre rencontre, elle n'avait pas encore trouvé une seule piscine où offrir officiellement des cours. Mais les ententes semblaient imminentes.

De 7 à 77 ans 

Après avoir elle-même suivi une formation de 30 heures de la Fédération québécoise des activités subaquatiques, armée de son passé de sauveteuse et de plongée, elle a conçu des cours pour les enfants (7-13 ans), les ados (13-17 ans) et les adultes, de l'initiation au cours de fitness. «Le mouvement principal, c'est le kick du dauphin, cela implique tous les muscles du corps, c'est très cardio, dit-elle. Il y a une infinité de mouvements que l'on peut faire.»

Pour l'instant, elle n'a que deux queues de sirènes, composées de monopalmes recouvertes de tissus de spandex. «Mais il va m'en falloir rapidement beaucoup! J'ai trouvé un fournisseur de tissus en Ontario.» Les queues seront offertes en location, moyennant des frais supplémentaires, ou à l'achat.

Ultimement, la jeune femme rêve aussi d'ouvrir sa propre piscine, où elle pourrait à la fois offrir ses cours, créer des événements et, pourquoi pas, offrir un camp de jour. À suivre.

Pour en savoir plus sur l'aquasirène et les cours qui seront offerts: www.aquasirene.com

Trois questions à une kinésiologue

Que penser de tout cela? Nous avons posé trois questions à Chantal Daigle, kinésiologue à l'Université de Montréal.

Est-ce que c'est n'importe quoi? 

«Si cela peut mobiliser une jeune fille à essayer une activité dans l'eau et à aimer ça, je dirais que ça peut être intéressant. [...] Oui, les enfants tripent sirènes, mais s'ils peuvent faire un lien et développer une motivation pour essayer ensuite d'autres sports aquatiques (la nage synchronisée, le plongeon) et les apprendre de manière sécuritaire, oui, ça peut être intéressant. Mais moi, honnêtement, je n'ai jamais entendu parler de ça!»

Est-ce vraiment physique?

«À la base, c'est de la nage avec une monopalme, avec une composante théâtrale. Donc avec la monopalme, oui, le mouvement au niveau des abdos est important. [...] Mais nager avec une monopalme, c'est de la course. Les nageurs font des longueurs. Ici, est-ce que ce n'est pas plutôt chorégraphique?»

Si oui, est-ce un excercice complet? 

«Non. Cela demeure une seule technique de nage, qui est la propulsion. Si c'est la seule activité physique que l'on fait, je dirais que c'est un entraînement partiel et incomplet. Cela pourrait créer un déséquilibre parce que ça n'est pas un entraînement complet. Et je ne sais pas non plus à quel point c'est cardio: est-ce qu'il y a beaucoup d'action dans le cours, ou beaucoup de pauses? [...] Ce qu'il serait intéressant de savoir, c'est combien de temps les gens continuent l'activité. Un an plus tard, combien vont se réinscrire? C'est peut-être une activité ludique, mais ça m'étonnerait que les gens perdurent.»